21 novembre 2024

TSHOPO KWETU

L'autre face de la Tshopo

Seules les performances sexuelles déterminent la puissance d’un homme ?

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D’aucuns prétexterons que mon questionnement banalise la place du sexe dans un couple. Il n’en est pas question. Je veux plutôt concilier prise en charge socioéconomique de sa famille et satisfaction sexuelle de sa femme. 

« Impuissance ». C’est le mot qui sort de la bouche de la femme de mon voisin ce matin. Lors d’une dispute à ciel ouvert, celle-ci décide de traiter son homme d’impuissant. Elle saisit la balle au bond pour externaliser ses jérémiades d’insatisfactions sexuelles. Peu importe la raison, ceci m’a vertement choqué.

Mais en plus de mon empathique colère, j’ai compris pourquoi nombre des jeunes de notre société respectent scrupuleusement leur cure des stimulants que celle de la malaria ou la typhoïde. En vérité, la maladie qu’on appelle impuissance sexuelle chez nous, effraye plusieurs : femme comme homme.

Et ce n’est ne pas un fait nouveau. Déjà en Afrique traditionnelle, des stéréotypes prenaient de l’ampleur. A l’époque, l’on a fait croire à la femme qu’elle peut se faire tabasser par son mari et supporter. Cependant, en cas d’impuissance sexuelle, elle doit quitter le foyer. Aujourd’hui, vous entendrez certains hommes dire : « c’est quand une femme pleure au lit qu’elle te respecte où te considère ». Ça se dit avec beaucoup de convictions chez les herboristes.

Ces perceptions sociales ont fait prospérer le commerce ambulatoire des aphrodisiaques. Des jeunes gens qui en vendent toute honte bue aux passants, en proposent aussi à certains hommes véhiculés qui baissent discrètement la vitre pour s’en procurer.

Mais, un instant !    

« Tu mangeras à la sueur de ton front », est la fameuse malédiction que Dieu a infligé à Adam au jardin d’Eden. Et d’ajouter à la femme que ces désirs seront portés sur l’homme. Ceci dit, Dieu a astreint l’homme de prendre soin de lui-même et de sa famille. Il scolarise les enfants, il paie la location et tous les accessoires, à la sueur de son front. Tel est le cas de mon voisin insulté par sa femme.

L’homme supporte et n’a nulle part où se plaindre. N’est-ce pas, on a grandi avec « mwana mobali alelaka te ? » Tel homme n’est-il pas vraiment puissant ?

Considérons la conjoncture de notre pays. Mon grand-père pouvait me dire : « dans ce congo, mbongo balukaka yango na torche ». Il voulait m’expliquer jusqu’à quel point il est fastidieux, voir laborieux de trouver de l’argent au Congo. Un pays où même les autorités, les gouverneurs par exemple, réclament des arriérés de salaire.

Alors dites-moi, mon voisin qui quitte sa maison le matin avec un numéro matricule non mécaniser, mais arrive à répondre aux obligations de chef de la famille, est-il vraiment impuissant ?

Somme toute, satisfaire une femme au lit, c’est bien. Mais prendre soin d’elle et assurer les responsabilités socio-économiques d’un foyer, c’est encore mieux. D’où la nécessité d’équilibrer le

débat.

Gaston MUKENDI 

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