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Sans s’être remis complètement de la pandémie à Covid-19, autre maladie sort de sa cachette, il s’agit de la variole du Singe. L’Orthopoxvirose simienne, aussi connu sous les noms de Monkeypox ou la variole du singe est une zoonose causée par l’Orthopoxvirus simien.
Elle a été décrétée comme épidémie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) après un dépistage au Royaume-Uni chez un individu de retour au Nigeria le 07 mai 2022.
Selon les données récentes de l’OMS, 6 027 cas ont été recensés dans le monde avec une prévalence de 81,6% des cas en Europe, où l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne occupent la première place mondiale en regorgeant plus de 1 000 cas chacun. La France, elle comptait 498 cas au 6 juillet 2022.
Déjà vers l’an 1970, la République Démocratique du Congo (RDC) avait enregistré les premiers cas de la variole du singe. Et depuis 2016, des cas confirmés ont été signalés en Sierra Leone, au Liberia, en République centrafricaine, en République du Congo et au Nigeria, qui a connu la plus importante épidémie récente. Les cas de variole simienne en Afrique augmentent également parce que la population empiète de plus en plus sur les habitats des animaux porteurs du virus. Ainsi elle y est observée de manière sporadique et parfois endémique.
Comparativement à d’autres virus très similaires de la même famille Orthopoxvirus, la variole du singe enfle généralement les ganglions lymphatiques, à la fois cervicaux, maxilloaxillaires et dans l’aine.
A l’heure actuelle, il existe deux clades distincts du virus : celui du bassin du Congo, qui est le plus virulent avec une mortalité de plus de 10% et celui qualifié de l’Afrique de l’Ouest, le moins agressif avec une mortalité allant de 1 à 3,6 %.
Face à ce fléau, il serait plus que temps d’attirer l’attention des communautés et différentes autorités, et fort et surtout de sensibiliser la population mondiale, particulièrement celle de la RDC, face à cette menace qui toque à nos portes.
Ainsi donc, cette édition de journal se donne pour mission d’alerter l’opinion tant scientifique que publique sur les modes de transmissions de la variole du singe, son impact psychoanthropologique ainsi qu’une conduite à tenir d’urgence.
Les grandes notions que Downie rappelait en 1994 concernant la physiopathologie de la variole n’ont rien perdu de leur valeur depuis la nuit de temps à nos jours. En effet, Le virus de la variole du singe pénètre et envahit principalement la muqueuse des voies respiratoires supérieures, entrainant localement une réplication intradermique avec une minuscule lésion sur la muqueuse et va s’essaimer rapidement vers les ganglions lymphatiques régionaux puis sa dissémination vers les organes internes.
Au début de la période d’invasion, une viremie secondaire peut enclencer une infection étendue de la peau puis apparition des lésions sur la peau deux à trois jours plus tard où les virus sont libérés à la surface, ainsi le malade devient très contagieux. La mort est due souvent à une réponse inflammatoire massive aux effets tardifs de l’activité virale antérieure ou à quelque défaillance multiviscérale.
Le virus de la variole du singe est considéré comme modérément transmissible à l’être humain. La maladie infectieuse se transmet en général de l’animal (principalement des rongeurs) à l’être humain (zoonose). Il est toutefois avéré que le virus peut être transmis par rapports sexuels.
La symptomatologie regroupe un gonflement des ganglions, de la fièvre (≥38.5° C), des céphalées, des douleurs musculaires et dorsales, des frissons, une grande fatigue, une éruption cutanée avec des vésicules, puis des pustules et des croûtes (comme pour la variole). La personne malade doit s’isoler le plus rapidement possible. Les autorités compétentes identifient, contactent et informent toutes les personnes qui ont été en contact étroit avec la personne infectée pendant la période de sa maladie.
Actuellement, aucune quarantaine n’est ordonnée pour les personnes-contact. Elles doivent toutefois surveiller étroitement leur état de santé et s’adresser immédiatement à un médecin en cas de symptômes typiques.
Anthropologiquement parlant la variole du singe se présente comme l’une des maladies liées au mode de vie des peuples et apparaissant dans leurs contextes sociaux, l’isolement dû à la variole du singe est pour le malade une déviance sociale dans la mesure où il se sent condamné momentanément à ne plus exercer des fonctions que la société lui a confiées d’une part et d’autre part à suspendre sa vie sociale avec ses proches.
Cette mesure est butée à certains obstacles dus au fait que l’africain de par sa culture se dit être « homme » que lorsqu’il est parmi les siens. Dès lors qu’il est séparé d’eux, il pense ne plus être « homme » à part entière et cela l’affecte sur plusieurs plans de sa vie. Certains développent le déni de la maladie et d’autres la peur. Pour ce fait, dans son processus du traitement, la personne atteinte par la variole du singe doit être abordée dans ses globalité et interaction avec la société.
La médecine humaine nous renseigne que la plupart des patients se rétablissent avec des soins appropriés. Au-delà de la souffrance physique, les patients peuvent être victimes d’une souffrance psychologique. Il s’agit dans la plupart de temps d’une souffrance latente qui n’est pas toujours évidente aux yeux de la famille et des amis du souffrant.
L’incertitude sur l’évolution de l’épidémie et sa durée, la peur de tomber malade ou d’avoir des proches souffrant de cette maladie, le risque d’être hospitalisé ou de mourir sont parmi tant d’autres des sources d’anxiété pour de nombreux individus. Les effets de cette épidémie sur la santé mentale des individus sont à prendre en compte, car ils peuvent développer des troubles dépressifs, troubles anxieux, stress post traumatique.
En cas de mal persistant, il ne faut pas hésiter à consulter les spécialistes (psychologues) pour une meilleure prise en charge et prévenir sa répétition dans l’avenir.
De nos jours, la vaccination et la sensibilisation de la population sur des mesures strictes barrières demeurent deux options capitales pour la maitrise d’une épidémie comme la variole du singe. Et cela est basé: sur l’interdiction de tout contact direct avec des animaux infectés vivants ou morts, le renforcement des règles d’hygiène, le lavage des mains , la mise en quarantaine des personnes cas contacts à risque , le dépistage , le contrôle frontalier de vigilance sanitaire des personnes et d’animaux , enfin le renforcement des mesures de surveillance et la sensibilisation du personnel de santé sont essentiels pour prévenir et gérer efficacement les nouvelles flambées de l’épidémie de la variole du singe.
En cas de la variole du singe, le traitement pour soulager les symptômes sont indispensables, il est conseillé d’utiliser le paracétamol en dehors de toute contre indication. Les médicaments antiviraux et les immunoglobulines sont prescrits pour les personnes les plus fragiles.
Pour éviter le grattage de la peau, la surinfection des lésions et la transmission du virus, des antihistaminiques peuvent être prescrits. Pour les personnes immunodéprimées, on use un traitement antiviral: le tecovirimat en première intention; le brincidofovir en deuxième intention; et le cidofovir en troisième intention. Les immunoglobulines humaines anti-vaccines aux personnes pour lesquelles les antiviraux sont proscrits (les femmes enceintes, les enfants de moins de 13kg).
Ont contribué à la rédaction :
URIEM UKILA Sephora, étudiante en G3 Sciences Biomédicales/ UNIKIS.
Dr ISSA YAKUSU, médecin traitant et Spécialisant aux Cliniques Universitaires de Kisangani Département de Médecine Interne/UNIKIS
VUTSEME SOKONI Lajoie, assistante en Anthropologie/ FSSAP/UNIKIS
SUNGOYO AUNUTUTU Jean-Marie, étudiant en 1ère Licence/Psychoscolaire/UNIKIS
MOBESI BIANO Michael, étudiant en Troisième doctorat/ UNIKIS
MANGASA ASSUMANI Niclette, étudiante en 1ère licence Pharmacie/ UNIKIS
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