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Parmi les nouveaux mots qui intègrent le Petit Robert, édition 2023, quatre sont néologismes africains. Il s’agit des expressions ”Go, Brouteur, Babtou et Babtou fragile.” D’usage courant dans le quotidien de plusieurs pays africains, leurs fréquence, diffusion et pérennité, sont les raisons de leur place dans le dictionnaire.
Le mot « go » a fait sa grande apparition dans la chanson de Premier gaou du groupe Magic System, en l’an 2000, « C’est dans la galère que la go Antou m’a quitté, oh ah ». Le Petit Robert 2023 définit « go » comme un « nom féminin, issu d’une langue de l’Afrique de l’Ouest (bambara) ». Il signifie, selon le dictionnaire, une jeune fille, une jeune femme ou une petite amie.
« Brouteur », quant à lui, est un nom qui vient du verbe « brouter » et fait référence à celui qui se nourrit sans effort. Il désigne aussi un escroc qui piège ses victimes sur Internet. « Babtou » et « babtou fragile » sont les variations du mot « toubab », qui est entré dans Le Petit Robert en 2014. Ce dernier désigne un Européen, un Français métropolitain ou un Blanc en général. Dans un sens péjoratif, un toubab est un Africain ayant adopté le mode de vie occidental. Si « babtou » n’est rien d’autre que la forme argotique de ce mot, l’expression « babtou fragile » évoque une personne faible, qui se pose en victime.
Qu’en est-il alors du mot « mougou » que nous rencontrons partout sur la toile et du verbe « bâcher » employé à Kisangani ? Ayant joint un linguiste en formation, Richard AUKUMWANA, voici ce qu’il en pense :
Ce mot n’existe pas ! disent certaines personnes. Pourtant, Il paraît trop osé de tenir un tel propos vis-à-vis d’un interlocuteur. En effet, à partir du moment où un mot est employé par le souverain primaire de la langue, c’est-à-dire des locuteurs situés dans une société ou région donnée, ce mot existe, car il a une forme et un sens ( signifiant et signifié) permettant de transmettre un message.
Alors que le Larousse est plus proche de la société, car il intègre rapidement des mots nouveaux, le Petit Robert, quant à lui, tarde à le faire pour se rassurer des conditions citées : fréquence, diffusion, pérennité.
Le Dictionnaire de l’Académie Française est le plus coriace en matière d’intégration, car il faut réunir les immortels pour confectionner ce dictionnaire dont les éditions paraissent d’une rareté miraculeuse et dans une périodicité languissante.
Plus qu’il a fallu 20 ans d’emploi du mot « go» pour être intégré dans le Petit Robert, patientons donc que la fréquence d’usage du mot « mougou » puisse faire son intégration, certes avec difficulté, car employé comme un verbe, il sera mal aisé de le situer dans un groupe de verbes, à cause de sa terminaison.
Nous devons également patienter pour le mot « bangala » d’origine ouest-africaine dont la fréquence sur les réseaux sociaux se remarque aujourd’hui, alors qu’il était déjà employé sous la plume d’ Ahmadou KOUROUMA. La langue n’est point statique ; elle est métamorphe et chaque région lui donne forme pour contribuer à sa vitalité.
Pour le verbe « bâcher », il faut admettre qu’il est présent dans des dictionnaires, mais les Boyomais n’y ont apporté qu’un néologisme de sens et non de forme. Pour que le sens tel qu’employé par les Boyomais finisse par intégrer les dictionnaires, il doit être largement diffusé, fréquent et pérrenne.
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