23 octobre 2024

TSHOPO KWETU

L'autre face de la Tshopo

À Kisangani, il existe un peuple béni dans la misère

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«Multipliez-vous», dit la Bible. «Nous peuplerons ton sol», on le chante aussi depuis notre enfance ! Au bord de la rivière Tshopo, dans un coin appelé « Butshanga », la population observe fidèlement ces deux phrases. À Butshanga, les enfants naissent comme l’apparition des étoiles du ciel. Non seulement les naissances sont nombreuses, mais elles sont également rapprochées.

 

Une maison de deux chambres, a-t-on constaté, et un salon peut abriter dix personnes. Et cela est une mode. Il n’est pas sorcier de constater dans chacune de plus de cinq familles deux enfants ayant un écart d’un an.

 

La plupart des femmes de Butshanga allaitent depuis l’âge mineur. Déjà à 13 ans ou 14 ans, une fille devient la cible des hommes. Celles qui échappent à cette chasse sont les filles qui ont un retard lié au développement corporel. Ces mères-mineures sont violées dans le sens strict juridique. Une fois que leurs familles s’en rendent compte, ils partent à la rencontre de leurs belles familles pour une attente. Il est paradoxal de faire arrêter une personne dans ce coin puisqu’il a engrossé une mineure.

Bénis dans la misère

La naissance a toujours été une bénédiction, d’après la Bible, aussi un sujet de joie. En apparence, il en est ainsi pour la population de Butshanga, mais en réalité les naissances obscurcissent la lueur d’espoir de ce coin. Quand on engendre dix anges, il y a la joie. Mais quand on entreprend les nourrir, les prières de lamentation commencent.

 

Dans ce coin la parité est encore un tabou. C’est l’homme qui s’occupe des besoins de la maison. Les femmes qui se débrouillent sont les plus souvent celles abandonnées par leurs maris. L’homme qui doit satisfaire à tous les besoins de la maison est un pêcheur. Avec un revenu faible, il est dans l’obligation de nourrir ces cinq, sept, dix enfants. Voilà la clé du problème.

 

Quand les enfants atteignent l’âge scolaire, un autre problème survient. Ils sont privés de scolarisation. Certains étudient avec l’appui des proches des parents. Il y a moins d’1% d’universitaires dans ce coin, avec un nombre insignifiant des élèves de l’école secondaire. Seuls quelques enfants fréquentent le primaire grâce à la gratuité de l’enseignement de base.

Probable remède

Le manque de rigueur de la part des parents est l’une des raisons qui font perpétuer ce vice. Les parents, étant incapables de nourrir régulièrement leurs enfants, ils se sentent moins responsables à ce qui concerne l’éducation. Comme aussi ces filles sont presque toute la journée à la maison, les hommes du coin n’ont pas la peine de faire des courses pour se croiser avec une cible. Le fait de ne pas punir ces pratiques demeure un encouragement.

 

Pour remédier à la situation de Butshanga, la santé sexuelle y devrait être enseignée à haute voix. La planification familiale également devrait faire l’objet de différentes campagnes. Un apprentissage sur les méthodes contraceptives est à envisager. Le gouvernement également devrait avoir l’œil sur la protection sexuelle des filles mineures car n’ayant pas atteint la maturité, elles sont violées par ceux qui deviennent leurs futurs époux.

 

Norbert Katembo

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