21 novembre 2024

TSHOPO KWETU

L'autre face de la Tshopo

Carbone Beni n’a jamais été sincère dans son engagement ( Tribune de Christophe Badiambula )

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Dans le paysage complexe de la société civile congolaise, Carbone Beni s’est imposé comme un personnage aussi intrigant que controversé. Alors que la plupart de ses pairs luttaient avec acharnement contre la corruption et ses ravages en République Démocratique du Congo (RDC), Beni, lui, s’est distingué par un parcours sombre, marqué par la duplicité et la compromission.

Du Lobbysme pour Dan Gertler aux Pot-de-vin

Le nom de Carbone Beni est désormais indissociable de celui de Dan Gertler, homme d’affaires israélien et figure emblématique de la prédation économique en RDC. Alors que des voix s’élevaient dans la société civile pour exiger que Gertler et d’autres prédateurs rendent des comptes devant la justice, Carbone Beni, lui, choisissait une autre voie. En acceptant de multiples pots-de-vin de Gertler, Beni s’est mué en lobbyste zélé, trahissant ainsi les idéaux qu’il prétendait défendre. Cette alliance avec Gertler a non seulement terni sa réputation, mais a aussi sapé la confiance en la société civile, dont il se voulait pourtant membre.

Manipulations au World Liberty Congress

Les ambitions de Carbone Beni ne se sont pas arrêtées là. Lors du dernier World Liberty Congress, un événement prestigieux réservé aux défenseurs des droits de l’homme, Beni a obtenu une quarantaine d’invitations. Cependant, au lieu d’y convier des activistes engagés, il a inscrit uniquement deux activités légitimes. Le reste de sa délégation était composé de membres de sa famille et de candidats à l’immigration clandestine, révélant ainsi une utilisation cynique de cette plateforme internationale pour des intérêts personnels.

Un Double Jeu Éhonté

La trahison de Carbone Beni ne s’est pas limitée à son soutien à Gertler ou à ses manigances lors du World Liberty Congress. Alors que la société civile congolaise lançait l’initiative Kapita, visant à surveiller les élections de 2023, Beni a cherché à torpiller ces efforts avec sa propre campagne, “La Patrie avant le Parti”. Derrière ce slogan se cachait une intention perverse : préparer l’opinion publique à accepter des résultats électoraux frauduleux, orchestrés en sous-main par le pouvoir en place.

Carbone Beni n’a jamais été sincère dans son engagement. Jouant un double jeu, il se présentait comme un membre actif de la société civile, tout en tissant des liens étroits avec les cercles du pouvoir. Cette duplicité a atteint son paroxysme lors des élections de 2023, où il a servi de suppléant pour son père, candidat, tout en se liant avec Peter Kazadi, alors ministre de l’Intérieur. Ensemble, ils ont monté un dossier le 3 février 2024, entre autre contre Mino Bopomi et Palmer Kabeya, figures de proue du mouvement Filimbi, dans le but de les faire arrêter.

La nuit des arrestations : Le point de non-retour

En effet, ce jour-là, la RDC a vécu une nuit d’horreur lorsque plusieurs militants, dont Fred Bauma, Bienvenu Matumo, et Chrispin Tshiya de la LUCHA, ont été arrêtés devant le Palais du Peuple. Ces arrestations massives, suivies de torture dans les geôles de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), ont été orchestrées avec la complicité de Carbone Beni, aperçu dans une voiture à proximité du site, attendant que l’opération commence. De ces arrestations, plusieurs militants de premier plan, dont Mino Bopomi, Palmer Kabeya, et Maud-Salomé Ekila du mouvement Urgences Panafricanistes, ont dû quitter précipitamment le territoire, fuyant les services de sécurité qui les recherchaient activement. Ces départs forcés, réalisés dans des conditions extrêmement compliquées, témoignent de l’ampleur de la répression et de la gravité de la trahison orchestrée par Beni.

Un Parcours Déchu

Carbone Beni incarne le triste revers d’un certain activisme en RDC : celui où la quête du pouvoir et de l’argent supplante l’idéal de justice et de liberté. Son parcours est un rappel brutal des dangers de la corruption et de la compromission, même au sein de ceux qui se disent défenseurs du peuple. Au lieu de faire avancer la cause des droits de l’homme et de la démocratie, Beni a préféré se ranger du côté des oppresseurs, démontrant par là son véritable visage : celui d’un opportuniste sans scrupules, prêt à sacrifier les aspirations de tout un peuple pour son profit personnel.

 

Christophe Badiambula

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