21 novembre 2024

TSHOPO KWETU

L'autre face de la Tshopo

Histoire et place des artistes à Kisangani, invraisemblance

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Considérant ce que représente une œuvre d’art, les places des artistes constituent un grand moyen de faire revivre un passé culturel. À Kisangani, la place des artistes est située sur le boulevard Mobutu en diagonale des immeubles Lengema et SEDEC.

Depuis des décennies, ce lieu a servi de cadre d’échange entre sculpteurs et public autour de la création artistique. Aujourd’hui, malheureusement, ce lieu ne reflète que méconnaissance et rejet de plusieurs. L’on peut dire, en le voyant, que l’histoire ne signifie rien pour le Congolais

Place des artistes, au temps de sa gloire et Mobutu

Au temps de la colonisation Belge, l’histoire nous renseigne que ce lieu constituait l’un de plus grands marchés d’œuvres d’arts traditionnels du pays. À cette même époque, l’administration coloniale avait érigé à ce lieu un buste en hommage au roi de Belges, Albert lll ( grand-père du roi Baudouin ). Ainsi, chaque année, les Belges y organisaient une cérémonie pour honorer la mémoire de leur Monarque.

Après la colonisation, le déclin et la destruction de ce carrefour artistique a commencé. De nombreuses rébellions qui ont secoué la première République ont enfoncé le destin de cet endroit dans un gouffre. Les rébellions de Gizenga et Mulele, dans la région orientale, explique une source, ont dispersé les artistes majoritairement originaires de kindu et de l’actuel Ituri.

Ensuite vient la philosophie Mobutiste du recours à l’authenticité avec des conséquences beaucoup plus désavantageuses. En 1973, ce lieu passe sous contrôle du gouvernement Zaïrois. Les autorités décident alors de déboulonner l’effigie du roi des Belges en remplacement du flambeau du Zaïre.

En 2002, l’espace est remis aux artistes suite à la requête de quelques sculpteurs adressée au gouvernement de l’ex Province Orientale. Ce retour au bercail a été accompagné par l’appui technique de CTB( coopération technique belge, actuellement ENABEL) qui a aménagé l’espace avec quelques locaux.

 

Vingt ans après…

Quelques sculpteurs et peintres y exposent et vendent leurs réalisations. Des griot-historiens y interprètent les œuvres à l’intention des touristes, chercheurs et visiteurs. Force est de remarquer que cet espace ne reflète en rien la richesse historique qu’il représente. Déshonneur ! C’est un patrimoine culturel et historique visiblement oublié ; l’un des milieux rarement fréquentés par les Boyomais.

Oui ! Son aspect extérieur ne magnétise personne. Entouré par des restaurants, des petits garages et des bistrots, des ligablos. Il devrait servir à enseigner, à la jeune génération, les douloureux jours de l’époque coloniale ; faire revivre la culture de nos empires, royaumes, clans et tribus ; mettre à jour les valeurs ancestrales de nos peuples ; retracer nos généalogies…Dommage !

Le passé d’un peuple ne s’exprime pas seulement dans des livres. Il devient plus compréhensif quand il est exprimé à travers des œuvres d’art. Elles inspirent, elles révoltent, elles apportent à l’histoire toute sa beauté et sa tangibilité.

Les œuvres d’art représentent toute une culture, la culture représente tout un peuple. Kisangani ne dispose pas d’un musée artistique. À part la vente de ces œuvres, cette place constitue un musée pour nous. Prenons-en soin.

Patrick Isamene

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