21 novembre 2024

TSHOPO KWETU

L'autre face de la Tshopo

Corruption à l’Université : des étudiants passent de l’adaptation à l’adoption

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Les Universités, en RDC, sont moins connues grâce à leurs différentes productions scientifiques. Elles les sont surtout, à cause des antivaleurs décriés par certains étudiants valeureux. Chaque Professeur dicte ses lois. Et face à celles-ci, pasteur, clergé, religieuse, chrétien ou païen,…tout le monde s’adapte. Même devant la corruption, les futurs cadres du pays, ceux qu’on appelle le Congo de demain, fléchissent.

En 2014, Chris arrive à l’Université. Son parcours aux humanités ne reflète pas la corruption, car il vient d’une école gérée par les prêtres du Sacré-Cœur, le grand Collège Maele. Avant la rentrée académique, il a souvent été informé des antivaleurs sur le campus, mais, il y croyait moins.

 Première déception

Les 7 premiers jours sur le campus ont été divertissants. Quelle joie pour Chris ! Rencontrer des nouveaux amis, l’aisance d’être universitaire, abandonner l’habituel bleu-blanc, surtout, les jolies filles dans la Fac réjouissent ses yeux…

Deux semaines après, un professeur visiblement rigoureux entre dans l’auditoire. Son premier discours devant les étudiants n’a rien à avoir avec sa conscience. Chris l’a découvert à la mi- session. Le Prof entre dans la salle d’examen, en fredonnant, s’approche de Chris et lui dit : “moi-même, votre professeur, je n’ai jamais eu 7 sur 10 dans ce cours. Penses-tu être plus fort que moi ?” Sans réponse, Chris réplique par un sourire jaune.

Avez-vous déjà payé le Droit d’Auteur ? demande à nouveau le Prof et à haute voix.

– ouiiiiiiii ! Réponse de certains étudiants.

L’enseignant, avec ses propres mots, insiste : je vous convie de passer au guichet unique. Faites-vous enregistrer pendant qu’il en est temps. Il le dit une fois, une deuxième, puis une troisième fois.

Au guichet unique, tout étudiant paie l’argent pour la réussite. Le prof, qui conseillait en bon père, devient malheureusement le premier à conditionner des bonnes cotes par le payement de dix dollars. Quelle déception pour cet ambitieux ! Déçu puisqu’en lui, Chris voyait un modèle à suivre, un père. Attristé, si bien qu’il voulait interagir avec lui en public, d’autant que c’était incroyable, mais vrai. Chris contacte quelques aînés pour tirer d’eux un conseil. Tous ont une seule phrase : « adapte-toi. » Que devrait-il faire, lui, servant de messe ?

 S’adapter ou adopter ?

Cette année là, il s’adapte mais avec amertume et conscience souillée. L’année suivante, Chris en sait d’avantage sur la corruption en milieu universitaire. Cette fois, c’est le chef de promotion qui circule avec une liste. « Le championnat commence ! », lançait-il lors de ses va-et-vient dans l’auditoire. Encore une fois, Chris va s’y adapter.

Peu après, le CP revient avec une autre liste appelée « zalaka na vision. » Chris s’y adapte encore. Le temps passe, les étudiants nagent dans le même système. Chris trouve en la corruption un moyen facile et rapide de la réussite. Il ne se reproche plus de rien. Avant chaque occasion, il était prédéterminé à se conformer.

Cette pratique, qui n’a pas ses racines dans notre décennie, n’est-elle pas à la base de la montée crescendo de cet antivaleur qui gangrène notre société ? Et si les Universités, en RDC, devenaient les premières cibles de la lutte contre la corruption ?

Gaston MUKENDI 

A propos de l'auteur

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