12 octobre 2024

TSHOPO KWETU

L'autre face de la Tshopo

Elle frôle la folie à cause de ses avortements

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Demoiselle au charme avéré, Emelida pouvait faire évanouir des hommes mariés. Elle est de cette figure aux lèvres timidement roses et joliment humides. Son éclat de teint convoque les hommes comme par enchantement. Elle est brune d’orange, mais au cerveau vide. Exactement comme les hommes aventureux et les casanova préfèrent pour abuser de son ignorance et de son manque de sagesse.

Depuis sa venue de Goma, elle a passé 4 années à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion où elle s’en sort, toujours et sans surprise, à la dernière phase de session. Depuis 6 mois déjà, Emelida n’exhale plus le même teint qu’autrefois. Elle maigrit sans cause. Elle sourit de moins en moins dans l’auditoire, jusqu’à disparaître totalement du Campus. Elle a été au cœur de multiples avortements à cause des ses relations incertaines et adultérines.

Ses dernières nouvelles ont fait état d’une dépression. On aurait cru que c’était des démons. Pourtant , hier soir, j’ai eu le cœur tristement envahi par ce qui lui arrive. Depuis queqlues temps, ses nuits, plus noires que d’habitude, deviennent hantées. Ses cauchemars harcèlent ses sommeils ; elle y voit et entend un bébé mouillé de sang et bercé dans la mouvance de ses eaux lacrymales, qui ruissellent depuis la fontaine de ses yeux.
L’enfant hurle et flotte sur ces eaux rougies de sang. Le bébé soupire : « Maman, ma… ma… Maman, pourquoi ?».

Pendant son sommeil, Emelida transpire d’amertume, en grosses gouttes. Dans une paralysie, elle se débat pour se débarrasser de son sommeil et, par ricochet, de son cauchemar. Mais, le corps semble ne pas y arriver jusqu’à ce qu’elle tombe du haut de son lit et se réveille à même le sol.

Soudain, elle osculte le silence de son cœur et pleure toutes les larmes de son corps. Elle ressent de l’affection maternelle et fait, pour la première fois, le deuil de ses enfants évacués à l’état fœtal. Elle a un regard tout morbide, car au fond de son âme, une mélodie funèbre résonne : la culpabilité. Son cœur écoute, pour la première, le chant de sa conscience.

Le matin, elle quitte son enclos, les yeux boursouflés et rouges de larmes. Elle a l’impression de devenir folle et d’écouter des bébés hurler autour d’elle. Elle fait donc un accès à la folie…Pendant ce temps, sa conscience semble lui proposer des noms à tous ses avortons.

La vie, l’unique vie, est très précieuse pour la vivre de façon désordonnée. N’est-ce pas plus l’âge avance, nombreux regrettent certains actes du passé ? Qu’auriez-vous à dire à Emelida, si vous en aviez l’occasion ? Auprès de qui peut-elle retrouver sa vie qui moisit déjà ?

Richard Aukumwana

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