
Le bonheur est une porte qui s’ouvre à partir de l’intérieur. Sûrement, vous en connaissez la signification. Mais au Congo, cette expression peut valoir à titre individuel et personnel. Pour bien le comprendre, il faut être à Kisangani. La ville est bien garnie, y compris ses environs. On pourrait bien penser que c’est une occasion d’obtenir le bonheur à partir de ce qui nous appartient.
Cependant, près de 65 ans après l’accession de notre pays à l’indépendance, le bonheur collectif des Boyomais a toujours ses racines à l’extérieur. Un peuple collectivement triste. Plus de deux millions d’âmes qui habitent Kisangani, attendent chaque année l’aide de la Belgique pour leur bien-être. À chaque fois que la centrale hydroélectrique de la Tshopo connaît une panne, c’est l’Agence Belge de Développement qui intervient pour dépanner.
C’est une centrale vieille de 70 ans et depuis, toutes les autorités congolaises (de Kasavubu à Tshisekedi en passant par Mobutu et les Kabila) ont été et sont incapables de créer une autre source d’énergie électrique. Pourtant, la ville de Kisangani est remplie de multiples potentialités naturelles, exploitables pour la production et la desserte en électricité. Mais, croyez-moi, nous sommes en 2025, la turbine 1 de cette centrale est à la charge de la Belgique qui assure les travaux de maintenance. Les travaux en cours vont durer 5 mois.
Si nous, en 2025, pour avoir l’électricité, il faut patienter 6 mois de travail financé par la Belgique, en quoi sommes-nous indépendants ? Pendant ce temps, tout est en arrêt. Il faut circuler des lieux en lieux pour trouver ou brancher ses appareils et travailler. L’électricité, base de fonctionnement de tout, conditionne même la réflexion à l’heure de la technologie.
L’indépendance n’est pas l’absence des Belges sur nos territoires. C’est le courage de donner naissance à un nouveau Congo, malgré la douleur. Ce courage est avant tout le don de soi pour sa nation. La colonisation a eu sa douleur, l’indépendance aussi a la tienne. Chaque génération doit supporter son fardeau, car, la résilience de la précédente est le soulagement de successeur. Ainsi, toute lâcheté entraîne illico le calvaire des années avenirs.
La pénurie d’électricité à Kisangani, mieux cette dépendance vis-à-vis de la Belgique dans la réparation de notre centrale, nous retarde face à l’avancée de la technologie. Et je peux dire que c’est tout ce que les colons voulaient. Que les Congolais n’avancent pas dans la tête. Qu’ils restent les mêmes. Qu’ils développent une incapacité. Voilà, sans électricité, Kisangani manque tout. Actuellement, les secteurs qui dépendent de l’électricité à Kisangani dépendent de la Belgique et c’est la colonisation qui est toujours en cours.
Gaston MUKENDI
Bravo a vous pour cette conception